Corwyn, malchanceux

                 ...Inspiration

1989, un évènement majeur bouleverse le monde. Quelque part au fin fond de la lorraine, Corwyn voit le jour. Le mur de Berlin, ébranlé par cette naissance miraculeuse, s’écroulera quatre mois plus tard : la face du monde était définitivement changée. Né noir de cheveux, il deviendra blond par envie d’être un mignon petit garçon ; l’âge aidant, il en vint au châtain sombre. Preuve que Corwyn aime le changement et que c’est inscrit dans ses gênes. Qu’on ne s’étonne pas de ses réorientations barbares (sortir de bac scientifique, faire une année d’architecture puis passer directement en lettres modernes) et de l’habitude qu’ont ses yeux de changer de couleur selon la lumière. Persuadé de son talent, son ego l’a poussé jusqu’à atteindre le mètre 87, ce qui en fait définitivement un grand écrivain. Pour être original, il commença par faire comme tout le monde, et écrivit de la fantasy. Très vite cependant, il se libéra des gobelins et autres trolls, sans doute parce qu’il appréciait fort peu d’écrire des scènes de massacre où de vils êtres humains osaient faire la peau à ses amis puants -entre frères d’odeur, on se comprend. Incompris de ses semblables, et particulièrement de la gent féminine qui ne semble pas vouloir reconnaître son talent et préfère se fier à l’odeur pour décliner ses propositions, Corwyn tourne ses écrits vers l’auto-dérision et la mise en scène de personnages moins glorieux que lui. Et quand il sera écrivain célèbre et unanimement reconnu grâce à sa plume définitivement et magnifiquement acérée, il enverra à toutes les dindes qui l’ont refoulé un ouvrage dédicacé. Pour bien leur montrer ce qu’elles ont raté. Non mais.

(...) Oui parce que dire des conneries, je suis fort là dedans moi, savez. Même que je fais pas exprès. Je parle à des gens, et puis tout d’un coup comme ça, sans y penser, je dis quelque chose, et puis après les gens m’en veulent. Alors je fais gaffe à ce que je dis. Alors je parle plus. Alors les gens me trouvent chiant et puis ils me laissent tomber. Alors je cherche de nouveaux gens et pour pas qu’on me laisse tomber je parle à tort et à travers. Et je dis une ânerie, et les gens ils m’en veulent, et quand j’ai dit trop de bêtises, il me laissent tomber aussi. Alors je cherche de nouveaux gens, et je parle plus trop. Les nouveaux gens aussi ils finissent par me trouver chiant. C’est un peu pénible. (...)

[Le texte]